Le label Biologique – Français – Équitable garantit des légumes bios produits en France à un juste prix pour les agriculteurs. Il vise aussi la lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité.
1 Test grandeur nature
La Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) souhaite répondre à la demande croissante en produits cumulant à la fois des critères de qualité et d’éthique. Pour tester sa démarche, elle s’est associée à la chaîne de produits surgelés Picard. Depuis le 2 mars, sur les emballages de quatre références de légumes (courgette, maïs, haricot vert et carotte), vendues dans 87 magasins Picard de Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie, figure l’un des deux logos créés : une fleur verte sur fond blanc, ou blanche sur fond vert, portant les termes «Biologique – Français – Équitable et la mention « Agréé Fnab ». Les producteurs de la Fnab décideront d’un déploiement national après cette phase de test.
2 Une dimension plus large
Pourquoi lancer un nouveau label alors qu’il en existe déjà beaucoup, au risque d’ajouter à la confusion des consommateurs ? Les responsables de la Fnab en sont conscients, mais ils désirent intégrer d’autres dimensions à la filière bio sans attendre un hypothétique changement de la réglementation européenne. Si le cahier des charges de l’Eurofeuille a été modifié en 2018 après d’âpres négociations, il n’a pas satisfait toutes les demandes de la fédération, et une évolution future st illusoire avant longtemps.
3 La prise en compte des critères sociétaux
« Nous voulons aller plus loin que l’écolabel européen, notamment sur les critères sociétaux» », explique Stéphanie Pageot. Secrétaire nationale de la Fnab. La fédération travaille sur l’approvisionnement local, la qualité de vie des paysans, le commerce équitable en France, mais aussi sur la biodiversité, le climat… « Il faut bouger maintenant, alors que le bio prend de l’ampleur et adresser des signaux clairs en direction des industriels et des distributeurs pour qu’ils intègrent la rémunération des agriculteurs dans la démarche. » Ainsi, le projet test repose sur un contrat tripartite entre les organisations de producteurs de légumes, le transformateur surgélateur et le revendeur Picard, et garantit des prix satisfaisants aux cultivateurs. « Il ne s’agit pas de créer un nouveau label de commerce équitable, mais bien de proposer un label « bio+ » aux consommateurs »souligne Sophia Majnoni d’Intignano, déléguée générale de la Fnab. L ‘engagement sur la biodiversité et la lutte contre le changement climatique s’ajoutera à de futurs cahiers des charges.
4 Eviter le bio au rabais
La gouvernance du label Bio – Français – Équitable est assuré par les seuls exploitants membres de la Fnab. La Fédération s’est inspirée d’initiatives similaires en Allemagne et en Autriche. Un moyen de garder la main sur le contenu du cahier des charges, contrairement aux projets portés par le ministère de l’agriculture, les industriels ou les distributeurs (à l’instar des certifications HVE, agriculture de conservation, zéro pesticide..). Et d’éviter ainsi les dérapages vers du bio au rabais, alors que le changement d’échelle de la filière fait craindre une industrialisation de la démarche.