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ALERTE : Offres de chauffage à 1 €

Elles font flamber les prix !

 

 

Depuis le lancement de ces offres, les prix des équipements s’envolent. Les professionnels s’enrichissent aux dépens des consommateurs.

 

 

 

 

 

Combien faut-il débourser pour une chaudière gaz à condensation performante? En faisant jouer la concurrence et en négociant, de 3000€ à 3500€ dans le meilleur des cas, avec un tarif moyen entre 4000 € et 4500 €, 5000€ au maximum. Mais ça, c’était avant le lancement des offres de chauffage à 1 € (QC n° 580). Depuis que ce nouveau dispositif est entré en vigueur, des poses de chaudières gaz se facturent 8800 €, voire 9600 €, les modèles d’entrée de gamme pouvant grimper à 7400 € !

Cette dérive exponentielle est identique pour les pompes à chaleur. Alors que leur juste prix ne dépasse pas
12 000 €, certaines coûtent désormais 20 900 €, et s’envolent même à 24 900 €, dans le cadre des offres de chauffage à 1 € !

L’ UFC-Que Choisir a déjà pointé les effets d’aubaine liés au crédit d’impôt pour la transition énergétique (Cite) et dénoncé «sa coûteuse inefficacité». Que Choisir a aussi souvent mis en garde contre les surfacturations qu’il entraîne (QC n° 537), les professionnels en profitant pour gonfler leurs devis. Mais avec les offres de chauffage à 1 €, on atteint des sommets. À tel point que l’Agence nationale de l’habitat (Anah), qui verse des subventions aux ménages aux revenus modestes et, surtout, très modestes dans le cadre de ces offres, a baissé drastiquement le plafond des dépenses qui y donnent droit. De 20 000€ jusqu’alors, il a chuté à 8 000 € pour les dossiers déposés depuis le 10 octobre dernier. Si les prix flambent de façon aussi scandaleuse, c’est à cause des certificats d’économie d’énergie (CEE), qui financent en grande partie les offres de chauffage à 1 €.

Le consommateur se fait avoir. Ce système opaque a déjà engendré de nombreuses arnaques en matière d’isolation des combles à 1 € (QC n° 578) mais personne ou presque ne s’en offusque. Car ces CEE sont à la charge des fournisseurs d’énergie et de carburants.

Mais ces derniers intègrent leur coût dans le prix de vente de leurs produits, qu’il s’agisse des carburants, du fioul, du gaz ou de l’électricité. Ce sont leurs clients, et uniquement eux — donc vous —, qui paient ce dispositif à travers leurs achats. En annonçant une probable hausse du tarif de l’électricité en février prochain, le président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), Jean- François Carenco, a notamment parlé de ces certificats d’économie d’énergie qui pèsent sur le prix du kilowattheure électrique. Mettre fin à cette gabegie de prélèvements sur les consommateurs, faits au nom d’hypothétiques économies d’énergie, serait assurément profitable à leur pouvoir d’achat.

LA COLÈRE DES ARTISANS

Si les consommateurs ont de quoi protester, les artisans et les vrais professionnels sont en colère. «On dénonce déjà le scandale de l’offre de l’isolation à 1 €. Les travaux sont réalisés par de petites mains, de la main-d’œuvre qui n’est pas formée, sans aucun respect des règles de l’art et sans contrôle après travaux, résume

Didier Menigoz, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) de Haute-Saône. Et maintenant, on craint le pire pour le chauffage, avec les offres de chaudières et de pompes à chaleur (Pac) a 1€ » Il lutte contre les arnaques de l’isolation à 1 € et a même ouvert une ligne téléphonique pour recenser les plaintes. «Ça va du polystyrène se décollant dans les sous-sols à deux incendies qui se sont déclarés dans des combles isolés pour 1 € rien que dans notre département», précise-t-il. La Capeb de Haute-Saône demande à l’État d’imposer un contrôle systématique des opérations d’isolation à 1 €. Que Choisir y ajoute le contrôle des poses de chaudières ou de Pac pour 1V€.

 

Par Elisabeth Chesnais

QUE CHOISIR 586 DÉCEMBRE 2019

 

 

 

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